unknown pleasure @sky -morgan de toi-

Allez viens avec moi
Nos coeurs à la lumière
Les étoiles dans nos bras
Et nos âmes en enfer

Parfois, je me sens éreintée dés le réveil. L'impression d'avoir cent ans à force de courir en permanence. Le sentiment de n'en faire jamais assez et d'être pourtant perpétuellement dépassée. Aujourd'hui n'échappe pas à la règle, et encore une fois, je n'ai pas le temps de me ressourcer. Mon phare me manque, mon dessin de croquis me manque, mes parents me manquent et pourtant je me refuse le droit de m'arrêter comme si j'avais peur de penser. Voilà mon plus gros défaut, ma peur de demain. Quand je fais un bilan, je suis à l'orée de ma vie et j'ai déjà l'impression d'avoir traversé les âges sans rien construire de concret. J'ai l'inquiétude encrée à l'âme et les appels quotidiens de ma mère me rappelant qu'elle avait déjà trois enfants et l'homme de sa vie dans le sillon à mon âge ne sont pas faits pour me rassurer. L'impression d'être condamnée à l'éternelle solitude. Et finalement, alors que je pense à pleurer sur mon sort, il y a toujours quelque chose pour me rappeler à l'ordre. Aujourd'hui, c'est un message mystérieux de mes frères en m'imposant un rendez-vous sans prendre même la peine de me demander mes disponibilités, quelle bande de vieux cons et un mail d'un client pressé, indécis qui me demande de modifier entièrement mes plans. Et encore une fois, je cours dés mon réveil comme si le ciel tenait à m'empêcher de trop cogiter. Je m'accorde une pause dans ma vie millimétrée pour manger avec Navy, mon amie, ma moitié. Discuter et penser un peu à autre chose qu'à ma solitude, unique constante de mon existence. Et puis c'est l'excuse pour lui déposer Marley, mon partenaire aux courtes pattes. Et je rentre dessiner, me replonger dans ma routine. Installée dans mon solarium, je me perds dans l'admiration de mon océan, mon étendue azur, celle qui a bercé mon enfance et qui me ramène à la maison. J'en oublie mes doigts qui n'obéissent plus qu'à mon cerveau et grisent le papier, reproduisent mon inspiration quotidienne. Le temps d'une esquisse, j'en oublie jusqu'au temps qui défile. Et finalement, mon téléphone sonne pour m'indiquer qu'il est temps, l'heure d'arrêter de rêver et de reprendre le fil de ma journée, terminer ma soirée autour d'un verre avec mes frères. Une salopette enfilée sur mon vieux pull en laine écossaise, une paire de converse et je me mets en route sans plus réfléchir à ce qui m'attends sur place, sans m'attendre au plan prévu par mes frangins, sans me douter que je vais me retrouver face un presque inconnu plutôt qu'à ceux avec qui j'ai grandi. Et puis j'arrive face à notre quartier général, le skyroom. Une pièce à cet homme aux habits tachés, assis devant la porte de ce bar qui est devenu notre point de rendez-vous préféré au fil du temps, un sourire et j'entre à la recherche de mes aînés avec quelques minutes d'avance mais je suis visiblement la seule Hartson présente dans le lieu alors je m'attable sans prêter attention à leur manque de ponctualité, j'ai l'habitude de ne plus m'indigner face à leur indélicatesse. Un signe de tête au barman en guise de salut et il me prépare déjà mon irish habituel, comme si mes goûts n'avaient plus le moindre secret pour lui.