when the sun goes down. (maël)

J’attends impatiemment que Lucetmaël rentre du travail. Assise sur le lit du jeune homme, que je partage depuis tant d’années désormais, je cherche à m’occuper pour passer le temps. J’essaie de dessiner mais mes gestes sont brusques et saccadés, ce soir, ce qui rend la tâche très compliquée. J’essaie de lire mais ma concentration est interrompue toutes les deux minutes quand je tends l’oreille pour voir si je l’entends ou que je regarde la porte en espérant le voir arriver ; de plus avec ma dyslexie, c’est toujours une épreuve pour moi. Ne parlons même pas de la télévision : aucun programme ne me plaît et n’attire mon attention. Depuis une bonne demie heure, je me contente d’une triste ritournelle : me tourner dans tous les sens, soupirer, rattacher mes longs cheveux bruns et ainsi de suite. Il est parfois difficile de passer le temps lorsque l’on passe presque l’intégralité de ses journées, enfermée à la maison. Mon quotidien se résume principalement aux murs de l’appartement Berner et notamment dans la chambre de Maël. Je commence sérieusement à m’impatienter lorsque j’entends enfin la porte d’entrée. A cette heure-ci, cela ne peut être que lui. Je lève les yeux au ciel en soupirant : « Enfin ! ». Comme chaque soir, j’ai hâte que Lucetmaël se couche à mes côtés et que nous parlions de tout et de rien ; la plupart du temps, il a plus de choses à raconter. Il sort, fait des choses, voit du monde. Lui a cette chance là même s’il sacrifie énormément de temps pour moi. Jamais je ne pourrais le remercier suffisamment pour tout ce qu’il fait depuis le décès de maman et même avant. Ce soir, malgré ce médicament efficace que je prends depuis un temps, je me sens particulièrement fragile sans doute en raison d’une fatigue chronique.