the crowded places are where you'll find me. (naomi)

Le Monet, petit café du centre ville de la commune où Caera a grandi et passé sa vie. Un point de repère, l'endroit parfait pour se retrouver, se poser, et respirer avant de repartir pour les activités quotidiennes: le boulot, les études, la famille. Caera a toujours aimé venir au Monet. Elle se cale dans un coin, avec un café, un thé ou un chocolat chaud. Elle profite un instant, regardant autour d'elle sans vraiment prêter à attention à quoi que ce soit. Ou elle profite du calme et de la chaleur pour étudier un peu, avancer ses dissertations sur Shakespeare et ses contemporains. Elle aime cet endroit, comme beaucoup d'autres endroits dans cette petite ville. — Bonjour. Je pendrais un mocca, s'il vous plait, commanda la rouquine avant de régler et de récupérer sa boisson chaude. Elle connaissait presque tout le monde, en ville. Au moins de vue. Mais au fond, elle ne prêtait attention à presque personne. C'était ses habitudes. Tout le monde était des connaissances, et quasiment personne des amis. Son café dans les mains, elle alla se caler sur un des fauteuils au fond de la pièce, regardant rapidement autour d'elle. Elle pouvait enfin profiter un peu de son temps seule. Du moins, c'est ce qu'elle pensait.

Naomi appréciait son petit café, qu'elle avait repris il y a peu avec ses associées. C'était un endroit chaleureux et moderne, un endroit où il était bon de se reposer, de s'évader. La jeune femme en était fière de son café, et des sourires approbateurs qu'elle récoltait. De plus, la Keough pouvait faire de nouvelle rencontres, toutes plus enrichissantes les unes que les autres. Tout les jours, Naomi en apprenait un peu plus sur ses clients, leurs habitudes, mais aussi les ragots dont ils étaient la cible. Pas qu'elle les écoutait, mais c'était toujours bon à savoir. Son esprit ne cessait de divaguer alors qu'elle écrivit le menu du jour, c'était plus fort qu'elle. La voix familière d'une jeune fille la sortit de son travail. Caera, une jeune femme toute à fait charmante, qui avait postulé, mais son manque d'expérience lui porta préjudice. Durant quelques minutes, Naomi se contenta de la fixer alors qu'elle alla s'installer, un café en main. Il y a quelques temps, la Keough était tombée sur la jeune Allen, en compagnie d'un homme âgé, trop pour Caera. Inspirant, Naomi se dirigea vers la jeune fille, en prenant soin de prendre une pâtisserie faite maison. Une fois devant la jeune femme, Naomi lui offrit son sourire le plus radieux. — Bonjour, c'est un cadeau de la maison, la Keough désigna la pâtisserie et la posa sur la table, pour votre fidélité envers le café. Je suis Naomi, l'une des propriétaires. . La jeune Keough observa furtivement le sac de Caera, et cru apercevoir une œuvre de Shakespeare. Un moyen de démarrer la conversation sans paraître trop bizarre. — C'est du Shakespeare ? Je pensais que pas que les jeunes comme toi, Naomi se stoppa avant de reprendre, ça ne te dérange pas que je te tutoie ? Bref, je ne pensais pas que les jeunes lisaient du Shakespeare, du moins, ma sœur ne le fait pas! rigola légèrement la jeune femme, en attendant la réponse de Caera.  

Le calme si parfait que Caera espérait fut rapidement brisé par une voix féminine qui ne lui était pas inconnu. Elle releva rapidement les yeux pour voir devant elle une rouquine, qu'elle avait croisé quelques fois, généralement ici, au Monet. La plus jeune se contenta de sourire, et d'écouter sagement les paroles de son aînée, alors qu'elle déposait un gâteau sur la table. Caera raffolait de ce genre de petite gâterie. Elle en faisait, parfois, chez elle. Mais elle le savait bien: aucune n'était meilleure que celles du Monet. Elle fut surprise par cette gentille attention, récompensant la fidélité de la future actrice au café. Certes, elle y venait souvent. Mais pas plus que certaines personnes présentes. Pour ne pas paraitre ingrate, Caera sourit gentiment, relevant à nouveau le regard sur la propriétaire. — C'est vraiment adorable, merci beaucoup, Naomi. Elle tira un des fauteuils près de la petite table, avant de faire un geste de la tête vers ce dernier, et de rajouter. — Je t'en pris, reste quelques minutes avec moi. Elle ne put s'empêcher de rire à son commentaire sur le bouquin qui dépassait du sac de la jeune étudiante. Oui, Shakespeare. Le seul et l'unique. Elle y vouait une grande admiration depuis son plus jeune âge, et c'est en reproduisant des scènes de Romeo and Juliet et de Twelfth Night qu'elle s'était découvert une réelle passion pour la comédie. — C'est du Shakespeare, oui, confirma-t-elle en sortant son exemplaire de la tragédie Macbeth avant de le poser sur la table. Elle étudiait le monologue de Lady Macbeth depuis des semaines maintenant, cherchant à l'intonation parfaite, entre folie et angoisse. Out, damned spot! Out, I say! Elle l'adorait, tout simplement. — J'étudie le théâtre, alors disons que Shakespeare, c'est un peu une étape obligatoire. Qu'on aime ou pas. Elle en profita pour boire quelques gorgées de son café chaud avant de le reposer sur la table, souriant à nouveau à la jeune femme.

La jeune rousse ne remballa pas directement Naomi, ce qui la rassura. Son côté maternel, mais surtout généreux (et curieux bien sûr) la forçait à agir. De plus, Caera semblait adorable, et ne pas être le genre de fille à problèmes. Le sourire de la jeune femme alors qu'elle regarda à nouveau la propriétaire. — C'est vraiment adorable, merci beaucoup, Naomi. lance la jeune femme en tirant un des fauteuils, pour lui signifier qu'elle pouvait s'asseoir. — Oh, c'est adorable Caera, mais le travail m'appelle. Qui aurait crû que gérer un café pourrait être aussi dur ? ironisa Naomi. Elle savait que ça n'allait pas être une partie de plaisir, que ça allait lui demander énormément de travail. Mais au moins, ça avait le don de lui vider la tête, et de se faire plaisir. — Je t'en pris, reste quelques minutes avec moi. La Keough se mordit la lèvre, elle était beaucoup trop curieuse pour stopper la conversation ici. Elle fit un signe de tête à son employée, et s'assit gracieusement sur la chaise. — Si c'est demandé si gentiment !. La jeune Allen continua sur lancée, lui montrant son livre — C'est du Shakespeare, oui,, Naomi sourit, en étudiant de loin la couverture du livre, MacBeth. Une légère grimace se forma sur ses lippes rosées, cette pièce lui rappelait bien trop de cours ennuyants et assommants. — J'étudie le théâtre, alors disons que Shakespeare, c'est un peu une étape obligatoire. Qu'on aime ou pas. La jeune Keough hocha la tête. — Du théâtre ? Ça paraît intéressant. Plus intéressant que mes banales cours de managing à l'université. Au moins, ça m'a permit d'avoir ce café. , lâcha la jeune rousse. Le café était pratiquement tout ce qui l'occupait ces derniers temps, une façon d'éviter Ryke, d'ignorer ses problèmes. Le plus important est que votre famille soit là pour t'aider. Les études sont chères, de nos jour. Naomi n'avait dit ça au hasard, Caera ne semblait pas avoir de boulot, et pourtant, la jeune rousse était pratiquement sûre de l'avoir vu à une soirée mondaine. La Keough prévint qu'elle alla se chercher un thé. Quelques minutes plus tard, la belle revint avec sa tasse, prête à discuter à nouveau. — Mais bon, l'argent n'est pas le plus important n'est-ce pas ? Il y a bien d'autres choses bien plus importantes !

La plus âgée des deux rousses accepta finalement de se joindre à la plus jeune, lui décrochant un large sourire. Elle était contente d'avoir quelqu'un avec qui discuter et passer un peu de temps. Naomi semblait si intéressée par tout ce que Caera faisait et étudier, que la jeune étudiante ne put s'empêcher de s'emballer alors qu'elle lui répondit. — C'est vraiment très intéressant, oui. Le managing c'est pas trop mon truc, non plus, dit-elle avec un léger rire. Je veux devenir actrice, c'est pour ça que j'étudie le théâtre. Sûre d'elle, elle hocha doucement la tête, un sourire toujours fixée sur ses lèvres alors qu'elle écouta la jeune femme lui parler du prix des études. Son soucis principal. Caera savait bien que les études coutaient cher. Trop cher, en tout cas, pour que ses bourses et l'argent qu'elle avait mit de côté soit suffisant à régler tous les frais. Naomi disparu quelques minutes, allant se faire un thé, laissant la jeune étudiante slash escort seule, à réfléchir à ce qu'elle allait bien pouvoir dire pour détourner la conversation. Elle pourrait parler de Shakespeare. De managing. Ou encore du café. Mais lorsque la propriétaire du Monet revint s'asseoir à côté d'elle, Caera n'eut pas le temps de détourner le sujet de conversation que Naomi lui parla, à nouveau, d'argent. — Je suis totalement d'accord, enchaîna la plus jeune. Il y a bien plus important que l'argent, alors on s'en sort toujours. On fait ce qu'il y a à faire. Elle ajouta un sourire assez franc pour faire passer le tout, espérant que la jeune femme ne revienne pas sur le sujet.

Naomi appréciait en apprendre plus sur ses clients. Depuis toujours, la jeune rousse aimait le contact humain, et le café, en plus de réunir plusieurs de ses passions, lui permettaient d'assouvir ses envies. Ces derniers temps, elle aimait rencontrer de nouvelles personnes, qui n'avaient aucun rapport avec sa vie actuelle. La jeune Caera en faisait partir. Dès qu'elle se mit à parler du théâtre, Naomi pouvait sentir sa voix vibrer de bonheur au simple fait d'évoquer son avenir, son rêve. Un fin sourire s'étira sur ses lippes rosées face à un si grand enthousiasme. — C'est vraiment très intéressant, oui. Le managing c'est pas trop mon truc, non plus, dit la jeune Allen, lâchant un rire cristallin. Naomi se contenta d'hocher la tête, ne pouvant pas contredire la jeune femme. Après tout, les goûts et les couleurs ne se discutaient pas. Je veux devenir actrice, c'est pour ça que j'étudie le théâtre. Naomi ne put s'empêcher d'admirer la jeune femme. Être repérée, percer était dure, et Crosshaven n'était sûrement pas le lieu fait pour être repérée. — T'es bien courageuse ! C'est un métier compliqué de nos jours, mais tant que tu ne perds pas espoir, c'est le plus important. La jeune femme prit une gorgée de son thé irlandais, humant l'odeur qui s'en dégageait. Naomi attendit que Caera réponde, ce qu'elle fit rapidement. —Je suis totalement d'accord. Il y a bien plus important que l'argent, alors on s'en sort toujours. On fait ce qu'il y a à faire. Un sujet épineux. Naomi se doutait que quelque chose n'allait pas, que Caera ne disait pas tout. La Keough le comprenait, Caera n'était pas son amie, elles ne se connaissaient pas tant que ça. Mais la jeune femme avait cette envie de l'aider. — Oh c'est sûr. L'argent n'est pas la solution, mais les études sont chers de nos jours. Au moins, tu as des amis ou un petit-copain pour t'aider à ne pas y penser. Naomi l'avait vu avec plusieurs hommes avec Caera à des soirées mondaines, et elle espérait avoir des réponses. Parce qu'avec son imagination débordante, Naomi s'attendait au pire.

Caera appréciait d'avoir quelqu'un avec qui parler. Quelqu'un de nouveau, avec qui il n'y avait pas besoin de parler de choses compliqués, mais simplement des bases. Une nouvelle rencontre, ou presque, parce qu'elles s'étaient déjà croisées plusieurs fois sans jamais vraiment discuter. C'était des moments basiques, dans la vie, mais que la petite rouquine appréciait toujours. Buvant quelques gorgées de son café, elle écouta attentivement parler, hochant doucement la tête lorsqu'elle lui parla de ses études et du prix à payer pour avoir une bonne éducation, de nos jours. Et puis, lorsque Naomi parla d'un petit-ami, Caera ne pu retenir un léger rire, posant sa main sur sa bouche pour se retenir de rire plus. Elle secoua la tête, amusée, avant de reposer son café sur la table. — Non, pas de petit copain pour m'aider à ce niveau-là. Mais j'ai de bons amis et un abonnement Netflix qui me permette de me détendre un peu. La jeune femme n'avait pas été en couple depuis des années. En réalité, elle n'avait jamais eu de vrais relations qui aient duré plus de quelques jours. Des flirts, quelques baisers, mais jamais rien de sérieux. Elle n'arrivait tout simplement pas à trouver le bon garçon. Et fréquenter des hommes plus vieux pour son métier n'allait certainement pas l'aider à craquer pour un garçon de son âge.

Parler avec Caera lui faisait du bien. Elle ne se concentrait pas  sur ses problèmes. Sur ses complications. Juste Caera, d'assouvir cette curiosité. Caera, c'était cette jeune à la chevelure de feu, avec qui elle n'avait jamais discuté, mais qui pourtant l'intriguer. Naomi se souvenait très bien de la fois où elle l'avait croisé, aux bras d'un homme plus vieux. Peut-être était-ce parce que son couple battait de l'aile, et qu'il était plus simple design se concentrer sur autre chose que ses problèmes. Y compris (sûrement) divaguer sur la vie d'une pauvre jeune femme, d'à peine vingt. Mais Naomi le sentait, quelque chose ne tournait pas rond, et elle devait savoir quoi. Un léger rire à propos de l'amour ou d'un éventuel copain. La Allen posa sa tasse sur la table, tout en secouant la tête. — Non, pas de petit copain pour m'aider à ce niveau-là. Mais j'ai de bons amis et un abonnement Netflix qui me permette de me détendre un peu. Naomi fronça les sourcils, surprise.  — Vraiment ? J'aurais crû ! La dernière, j'ai cru t'apercevoir un avec homme, un bon choix à vrai dire. lança innocemment Naomi, en buvant une gorgée de son thé avant de reprendre. Mais t'as bien raison. Pourquoi s'embêter avec un homme quand t'as Netflix ? La jeune Keough força un sourire, son regard déviant vers sa bague de mariage et ne pouvant s'empêcher de penser à sa propre situation.