wings ∲ stan

- home is where heart is  
que représente crosshaven pour vous ? crosshaven c’est pas ny. c’est pas le grand fantasme de mes nuits. crosshaven c’est les escaliers que je dévale tête la première pour finir aux urgences. crosshaven c’est l’école de la fugue. c’est le soupir que maman soit là-bas et moi ici. seul. seul avec le père qui ne voulait pas. qui avait dit non. et sa salope de meuf. celle qui va me chercher jusqu’à sous mon lit. pour le plaisir de m’en coller une devant ses gosses. crosshaven c’est d’la merde- mais c’est aussi le moteur pour avaler les kilomètres. que représente le mot maison pour vous ? la maison c’est pas ici. la maison elle était un peu plus au nord, avec maman. certainement pas là. la maison c’est ce truc un peu abstrait que j’capte pas. moi j’suis le roi de la cavale. j’ai la bougeotte. j’supporte pas le netflix même avec le chill. j’aime pas les petits espaces. me sentir confiner. ma maison c’est ma caisse. c’est seulement à moi. c’est mon beau dépotoir, qui roule. où vous voyez-vous dans dix ans ? sur la route. entre les hôtels cinq étoiles et les paillettes. à picoler dans un verre propre. je serais peut-être dans le fond. y aura peut-être plus de formes. plus l’inspi. plus l’élan. plus l'insouciance caractéristique de nos débuts. juste cette rage quand vient la nuit. quand la lumière s’allume. faiblement. pour tirer les ficelles. derrière. l’écran géant. la fosse. les festivals du japon au venezuela. faut être là. au bon moment. au bon endroit. faut pouvoir vivre le rêve. ce qui vous motive dans la vie ou les personnes qui vous motive ? ce qui me motive c’est la musique. évidemment. c’est des petites bribes qui font vrombir sous l’épiderme. les ecchymoses. ce qui me motive c’est le style inimitable de billy corgan. une voix. une distorsion. le processus de création. l’argent. faut pas s’leurrer. ça compte aussi. les longues virées en bagnole. mes dix-sept ans. c’est d’faire un tant soit peu idole des foules à quarante ans. votre remède contre la tristesse ? boire ou conduire, il faut choisir.

- i was looking for a breath of life  
① stanley c’est le gosse de l’adultère qui s’est tapé l’incruste. la pièce rajoutée. raturée. il avait rien à foutre à crosshaven stan. sa mère l’avait emmené loin. à glasgow, près du port. et c’était bien. c’était bien jusqu’à la case prison. c’était pas un vol de diamants, juste vingt balles dans la caisse du supermarché où elle travaillait. ② la famille. la maison. c’est pas sur ça qu’il s’est fait stanley. il a fait comme il pouvait, pas toujours avec les bonnes fréquentations. avec des mélanges qui devraient pas être tolérés. c’est pour ça qu’il garde. sa copine. parce que c’est son seul socle. que sa belle-famille, c’est un peu celle dont il rêvait étant gamin. ③ stan il a un problème avec ce qui brille. faut qu’il ait le plus de bagues sinon ça va pas. faut qu’il fasse voir. faut qu’il s’le dise cent fois devant le miroir. que c’est pas si merdique. qu’il se fasse soleil. chemises fleuries, piercing au téton. ④ l’amour et stanley, c’est pas forcément un arc-en-ciel de couleurs. c’est une peinture d’piet mondrian passée à la machine à laver. c’est pas un sentiment, c’est un besoin. il a besoin de ça pour avancer stan. besoin de se sentir aimé. apprécié. même si c’est faux. même si la couleur qui prédomine c’est le gris. il sait qu’il ne fait pas l’unanimité mais il essaie. quitte à devenir parano. possessif. ⑤ le gosse qu’il était, il était dur. il s’laissait traîner sur le trottoir en hurlant. il voulait déjà pas aller à l’école stan. le gosse, il voulait juste traîner dehors et jouer au foot. le petit stan, il s’extasiait sur rien. il sniffait sa colle plutôt qu’écouter, griffonnait son bureau de ses ciseaux. il avait des cailloux plein les poches à défaut d’avoir des cartes pokemon. ⑥ stan il a commencé la batterie comme on pourrait commencer la boxe. il avait besoin d’se défouler sur quelque chose plutôt que sur quelqu’un. et quoi de mieux que la musique pour feindre de ne plus entendre. les plaintes. les insultes. les invectives de sa belle-mère. stan il s’est installé dans le garage avec un radiateur d’appoint et il est plus jamais remonté à la surface. il a arrêté les cours sans demander la permission. et il est resté là. à ne rien faire. à revisiter tous les morceaux de nirvana. et pour la première fois depuis longtemps: il s'est juste senti bien. ⑦ il y a un problème avec la boisson qui pourrait être évident. sauf qu’il l’est pas. il y a les rires pour couvrir le besoin de se mettre bien. mal. de finir la tronche dans la cuvette des chiottes au petit matin. l’oeil poché. renfoncé. au beurre noir. faut être cool en toutes circonstances. travailler ses tractions. stan, il se contente jamais d’un seul verre. que l’ambiance soit festive ou non. ⑧ stan, il a gardé dans un coin d’sa tête les images. fortes. de joie et de détresse. de son manuel d’histoire. l’histoire c’était pas que sa matière préférée à l’école. l’histoire c’était des visages. des lieux qu’il pense croiser. parfois. au détour d’une rue. d’un virage. stan il aimerait pouvoir faire le tour du monde pour s’imprégner, de tout. vivre d’autres vies que la sienne. pouvoir marquer durablement l’histoire. jouer pour l’irlande réunifiée. un jour. ça serait ça le rêve. ⑨ stan, sur scène, il fait l’malin. il agite ses baguettes toutes les deux secondes pour s’faire mousser. c’est qu’il est pas sur le devant mais à l’arrière. et parfois, eh bien parfois ça l’saoule d’avoir le cul posé à remuer ses longs bras désarticulés. ça l’saoule tellement qu’il en oublie de jouer stan et qu’il picole- pour la déconne. quitte à voir sa batterie se faire dégommer à la fin du set par des sauts de cabri. ⑩ stanley il se débarrasse rarement d’sa chemise. pas qu’il ait particulièrement froid à l'ordinaire. même en juillet. c’est plutôt qu’il assume pas les tatouages en dessous. sur le torse. le ‘zero’ inscrit en comic sans MS, le bébé dauphin et jabba the hutt. dans l’fond il en voulait aucun, sur la forme il fait un peu trop de paris débiles qu’il peine à assumer ensuite.